Henry INGRAND, LE SENS DE L'ENGAGEMENT (1908 - 2003 )

Par Guy Brangier

Médecin tropical, résistant de la 1ère heure, compagnon de la Libération, ambassadeur de France, Henry Ingrand, natif d'Echiré, a multiplié les engagements tout au long d'une vie de 95 ans !

D'ECHIRE A PARIS, DE L'AGRICULTURE A LA MEDECINE

Henry INGRAND est né le 18 août 1908 à Echiré dans une famille de propriétaires agriculteurs. Après le Bac, il entreprend des études de médecine à Paris qui le conduisent vers la médecine tropicale. IL devient copropriétaire d'une clinique chirurgicale d'Argenteuil.

RESISTANT DE LA PREMIERE A LA DERNIERE HEURE, DE PARIS A L'AUVERGNE

Mobilisé en 1939 dans une antenne médicale puis démobilisé en 1940, Henry INGRAND participe dès le 11 novembre 1940 à la manifestation sur les Champs Elysées. A partir de janvier 1941, Henry INGRAND s'implique corps et âme dans la résistance. Il participe ainsi à la rédaction du journal Les Petites Ailes au sein du mouvement de libération nationale (MLN) créé par Henry Frenay. Il rejoint ensuite le mouvement Ceux de la Résistance (CDLR). Il est arrêté par les Allemands le 29 juin 1942 mais réussit à leur échapper et gagne la zone Sud et le mouvement Combat de Henry Frenay. Ce dernier le place à la tête de l'une des six régions de zone non occupée, la région R6 ( Clermont-Ferrand).

Nommé par de Gaulle...

Il devient chef de la résistance en région Auvergne, vit dans la clandestinité, et utilise différents noms de guerre inspirés de sa région natale: Villiers, Bessac, Chauray, Mazières ou Rouvres !
A compter de l'automne 1943, il prend une part active dans la direction des M.U.R. (mouvements unis de la Résistance) qui favorisent le développement des maquis en zone rurale. Il met en place les maquis du Mont Mouchet et du Mont Dore qui combattent l'occupant. Il participe à ces combats et soigne de nombreux blessés. Il devient colonel FFI en 1944. Il est nommé commissaire régional de la République par le général de Gaulle en août 1944 et est fait compagnon de la Libération en novembre 1945.

...approché par Pétain !

Le 14 août 1944, Henry INGRAND, chef de la résistance auvergnate, avait reçu un émissaire de Pétain qui l'informait que le maréchal entendait se mettre sous la sauvegarde du maquis. Il promettait de démissionner en faveur de de Gaulle pour qu'il défende les intérêts de la France et assure la continuité de l'Etat, et lui demandait d'en rendre compte ensuite devant l'Assemblée nationale dont il avait reçu mandat le 10 juillet 1940. Une semaine après avoir essuyé un refus prévisible, Pétain était enlevé par les Allemands.

AMBASSADEUR DE FRANCE ET ADMINISTRATEUR DE SOCIETES

Après la guerre, Henry INGRAND assume des responsabilités multiples et diverses, dans le tourisme, à l'aéroport de Paris, à l'agence Havas, avant de devenir ambassadeur de France à Beyrouth, en Colombie ou au Vénézuela. En 1959, pendant quelques mois, il est même nommé par le général de Gaulle secrétaire général pour les affaires algériennes. Et c'est comme administrateur dans les Charbonnages de France qu'il prolonge une carrière particulièrement bien remplie.
Le 23 novembre 2003, à 95 ans, il s'éteint à Aix en Provence où il avait dirigé la société du Casino. Il est inhumé au cimetière de Ventabren dans les Bouches du Rhône. Au cours de son existence, il s'était vu attribuer une douzaine de décorations, britannique, américaine, marocaine, colombienne, vénézuélienne, luxembourgeoise, et plusieurs françaises !
Le sens de l'engagement
Henry INGRAND est intervenu en 1943 pour mettre fin au comportement de maquisards en Auvergne qui profitaient de leur toute puissance et adoptaient des "comportements de bandits" en utilisant leurs armes pour piller bureaux de tabacs, perceptions ou autres. Le maquis s'éloignait ainsi de la légalité et des valeurs de la résistance.
Henry INGRAND a envoyé auprès des maquisards, jugés d'une "étonnante inculture politique", des émissaires pour leur rappeler les raisons de leur engagement et les motifs de leur lutte, ce qui suppose un comportement exemplaire.

Sources:

Henry Ingrand La Libération de l'Auvergne ( Hachette 1974)