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Des collégiens « cadets de la défense »
par Denis Roussel
Dans le cadre du « Plan égalité des chances » (septembre 2007) et de la lutte contre les exclusions du ministère de la Défense et partie intégrante de la dynamique « Espoirs banlieues », le dispositif « Cadets de la Défense » vise à permettre à des jeunes, particulièrement ceux issus de milieu modeste, de progresser dans la société, en conjuguant éducation et promotion sociale.
Une dizaine d’écoles et de régiments animent actuellement ce dispositif. Fruit d’un partenariat avec des rectorats, celui-ci se propose d’enseigner le savoir-être et les valeurs collectives incarnées par les armées. Il s’agit donc de faciliter localement la mixité sociale par des contacts entre jeunes de quatorze à seize ans, de milieux différents, à travers des activités sportives, éducatives et de découverte du monde de la défense, au sein de formations militaires et en partenariat étroit avec l’Education nationale.
A partir de cet objectif, plusieurs priorités (que l’on retrouve dans nos projets d’établissement) sont mises en œuvre à l’ENSOA, en lien avec plusieurs établissements scolaires du bassin saintmaixentais, à savoir :
- Contribuer à permettre à des collégiens de s’intégrer dans la société.
- Favoriser le développement d’un comportement qui réponde aux exigences qui sont celles d’un citoyen et d’un futur professionnel, quel que soit son domaine d’exercice.
- Travailler sur les valeurs et les vertus recherchées (volontariat, respect, solidarité, franchise, loyauté, générosité, fraternité, humilité, goût de l’effort, ouverture d’esprit, préservation de la nature et maîtrise en toute circonstance…) à partir d’expériences vécues collectivement.
- Aider les « Cadets » à pratiquer un transfert de ces savoir-être et de ces valeurs dans leur propre
environnement social. - Permettre de répondre à une demande de jeunes qui veulent connaître l’armée, avant l’âge de
préparation militaire. - Diisposer d’un réseau de jeunes portant témoignage, par leur comportement et participant ainsi au lien Armée-Nation.
Le 8 octobre 2008, le premier protocole d’accord a été signé à l’ENSOA. Le général Legrand soulignait alors « un partenariat entre deux mondes qui ne s’ignorent pas et partagent bon nombre de valeurs ». Le recteur ajoutait : « L’armée est une garantie de la souveraineté démocratique…les cadets porteront, par leur exemple, les valeurs de citoyenneté et de cohésion sociale ».
En 2009, la première promotion comprenait vingt-sept cadets issus des collèges de Saint-Maixent et de La Crèche. Aujourd’hui, chaque promotion est composée d’une quarantaine de collégiens volontaires, de treize à seize ans, issus d’une dizaine d’EPLE, toujours encadrée par l’équipe du major Guy Mousnier (qui a quitté le service actif en 2013 et a reçu les palmes académiques en 2014).
Chaque mercredi après-midi, les jeunes participent à des activités physiques (escalade, karaté, natation, parcours d’audace…) et de citoyenneté (secourisme, chant, séances éducatives…). Les différentes promotions ont pu visiter des sites mémoriels (Oradour/Glane, Mont Valérien), des musées (Invalides, Meaux…) et des régiments, être intégrées dans des cérémonies officielles (avec des cadres de l’École, des réservistes, des porte-drapeaux et des représentants d’associations patriotiques) et même participer à une cérémonie protocolaire aux Invalides, être invitées, le 14 juillet, en tribune officielle sur les Champs-Élysées et à la garden-party à l’Élysée ou encore au ministère de la Défense pour y rencontrer le ministre et des officiers supérieurs des quatre armes.
Ces activités non militaires s’inscrivent dans un programme pédagogique (auquel participent des professeurs certifiés) divisé en quatre thématiques : « mémoire et patrimoine », « activités physiques et sportives », « civisme », « découverte des métiers de la défense et de la sécurité ». Le chef de centre des cadets de l’ENSOA, qui privilégie une méthode interactive avec les cadets, observe qu’ils prennent de l’assurance (surtout les plus timides). « Ils grandissent vite » dit-il, car ils sont acteurs de leur formation et qu’ils se trouvent en situation de réussite et se révèlent au cours des activités.
Ainsi, ce sont les collégiens qui ont proposé de planter chaque année un arbre, en en choisissant la variété et l’emplacement. Chacun d’eux reçoit un paquetage complet pour les activités sportives. A chaque déplacement ou cérémonie, ils portent la tenue des cadets (pantalon gris, blazer, parka, chaussettes et chaussures noires) qui leur est fournie par l’École, avec un insigne, marque d’appartenance au groupe (aux trois couleurs nationales), qu’ils ont eux-mêmes imaginé (le petit dragon rouge, tout feu, tout flamme, symbolise la force et la vitalité du cadet avide de connaître le
monde et de s’y faire une place. Il regarde vers la droite, résolument tourné vers l’avenir. L’ellipse blanche représente sa vision « l’œil » sur le monde qui l’entoure. L’écu, par définition, est protecteur. Enfin, en arrière plan, la main et le glaive de l’ENSOA. Chaque promotion écrit son chant. Ils ont choisi leur devise : « S’élever » (car tous s’élèveront dans leur vie d’adulte) et leur code d’honneur en douze points auquel il doit se conformer : « Le cadet est volontaire et agit avec franchise. Il est loyal avec son pays, ses proches, ses formateurs, ses amis. Il met son honneur à mériter la confiance. Il doit servir et aider son prochain. Il est le camarade de tous et le frère des cadets. Il est poli, courtois et généreux. Il est discipliné et travailleur. Il est humble et respecte les biens d’autrui. Il est soucieux de la préservation de la nature. Il recherche la maîtrise en toutes circonstances. Le cadet met en harmonie ses pensées avec ses propos et ses actes ».
A l’issue de leur formation, les cadets participent à un camp d’été de cinq jours, destiné à forger l’esprit de groupe, sur le site du « Panier fleuri ». Au programme : formation aux premiers secours, natation, bivouac et préparation de leur gala de clôture pendant lequel ils montrent à leurs proches ce qu’ils ont appris et retenu pendant l’année. A cette occasion, ils reçoivent leur attestation de fin de cycle (en présence des représentants de l’ENSOA et de l’Éducation nationale), ainsi que le diplôme de prévention et de secours civique (PSC1). Depuis septembre 2015, la huitième promotion s’entraîne déjà avec entrain « au pas de gymnastique-tique-tique ! ».