Si Thouars m'était conté...

par Jean Louis Lobstein

Panorama Touars 2 1

 

Quand le voyageur venant du sud découvre au détour de la route la ville de Thouars bâtie sur un promontoire dominant le Thouet, il est d'emblée subjugué par la magnificence du panorama qui s'offre à lui. Cette ancienne citadelle médiévale, dont subsistent maints témoignages, est aujourd'hui une petite ville de près de 10 000 habitants, qui est davantage tournée, comme en témoigne l'ardoise des toitures, vers ses voisins des pays de Loire que vers Niort, le lointain chef-lieu des Deux-Sèvres.

IMG 2846 2 1 

Le château vu depuis les vestiges de la
barbacane du pont des Chouans

La cité médiévale

Située aux confins de l'Anjou et de l'Aquitaine, Thouars entre dans l'histoire en 762 quand la ville gallo-romaine et sa citadelle furent prises et détruites par Pépin le Bref. S'installa alors un vicomté de Thouars qui perdura plusieurs siècles malgré les rivalités entre les royaumes d'Angleterre et de France au milieu desquelles Thouars cherchait à survivre.

Les vicomtes de Thouars aux XIIème et XIIIème siècles hésitent à qui jurer fidélité, aux Capétiens et donc au roi de France ou aux Plantagenêts et donc au roi d'Angleterre. Thouars est ballottée entre l'un et l'autre au gré des alliances et des coups de force. Au cours de cette période, au XIIIème siècle, Thouars s'enrichit de ses remparts flanqués de la citadelle. Les premiers remparts étaient de bois, la nouvelle enceinte en pierre d'une hauteur de neuf mètres s'étirait sur près de cinq kilomètres. Elle était renforcée de 37 tours et percée de trois portes. Aujourd'hui seules subsistent la tour du Prince de Galles et la tour Porte au Prévôt.

Les témoignages de cette époque sont nombreux : l'abbaye de Saint-Laon de style roman, l'église Saint-Médard et nombre de maisons à colombages au détour des places et des ruelles tortueuses. N'oublions pas les ponts sur le Thouet, détruits parfois, toujours reconstruits, empruntés autant par les pèlerins que les armées.

Au XIVème siècle, le roi Charles V nomma Bertrand du Guesclin connétable de France et lui donna mandat de reconquérir les territoires perdus au bénéfice des Anglais, dont la ville de Thouars. Celle-ci fut définitivement rattachée par Bertrand du Guesclin à la couronne de France le 30 novembre 1372 après un long siège de cinq mois. Quelques années plus tard, s'éteignit la lignée des Thouars.

 IMG 2876 3 1

L'église Saint-Médard et maison à colombages

Des histoires de famille

Après la disparition de la lignée des Thouars, la ville passa à la famille d'Amboise : pour peu de temps suite aux démêlés du vicomte Louis d'Amboise avec le roi de France Louis XI.

Louis XI, avant même d'accéder au trône, aimait à venir à Thouars, surtout à chasser dans les forêts environnantes. Devenu roi, il ne perdit pas cette affection pour la ville et y vint régulièrement. En revanche le roi n'aimait guère Louis d'Amboise qui menait une vie de luxe et de débauche. Avec la complicité de Louis Tyndo, seigneur de la Motte et filleul du vicomte, Louis XI déposséda Louis d'Amboise et intégra le vicomté au domaine royal : dès 1476, le roi administra personnellement le vicomté : une période de renouveau et de prospérité pour Thouars. Richesses romanes de la façade de l'église Saint-Médard

Cependant avant de mourir, Louis XI rétrocéda en 1486 les territoires de Thouars à leur propriétaire légitime : Louis II de La Trémoille, petit-fils de Louis d'Amboise.

Gabrielle de Bourbon, l'épouse de Louis de La Trémoille, homme d'épée plus souvent au côté du roi François Ier que dans sa ville de Thouars, entreprit des grands travaux et fit notamment construire la collégiale Sainte-Chapelle Notre-Dame. La ville, citadelle protestante, fut durement éprouvée par les guerres de religion. Henri IV éleva le vicomté en duché-pairie en 1594.

IMG 2868 2 1

La chapelle du château, la collégiale Sainte-Chapelle
Notre-Dame mêlant style gothique flamboyant et style renaissance

 

Au début du XVIIème siècle, la ville retrouva calme et prospérité. En 1635, débutèrent les travaux du nouveau château voulu par Marie de La Tour d'Auvergne, épouse du duc Henri III de La Trémoille. La ville prit alors les apparences magnifiques que nous lui connaissons encore aujourd'hui.

Ville industrielle et "cheminote"

Thouars connut encore des déboires durant la période de la Révolution et de l'Empire : occupation par les Vendéens en 1793, prise de la ville en 1815 par les royalistes conduits par Henri de La Rochejaquelein.
Au XIXème siècle la révolution industrielle contribua grandement au développement de Thouars :  « La cité s'est beaucoup développée grâce à l'activité liée aux chemins de fer sur la fin du XIXème siècle et toute la première moitié du XXème siècle, lui valant un temps le surnom de « cité cheminote » tant la part de sa population liée au rail était importante. La gare est implantée sur l'axe Paris – Bordeaux et Tours – Les Sables-d'Olonne, il y circulait jusqu'à 65 trains de marchandises ou de voyageurs par jour. »

La ville de Thouars a traversé les vicissitudes de l'Histoire pour devenir cette charmante petite ville où il fait bon flâner et découvrir à chaque coin de rue une trace évocatrice de son passé . Sans doute les Thouarsais trouveront de nouveaux atouts à valoriser pour garantir leur développement, peut-être sur les brisées de leurs ancêtres qui ont souvent su jouer le rôle de trait d'union entre deux royaumes, deux régions ou deux mondes.

IMG 2849 3 1

Moment de sérénité sur le Thouet

Haut de page