A la découverte de la commune d’Echiré


par Denis Roussel


Entre ville et campagne, Echiré est une commune de 3400 habitants située sur l’axe Niort-Parthenay, à une dizaine de kilomètres au nord de Niort.
Les surfaces agricoles et boisées composent l’essentiel de son territoire (le blé étant la principale culture), ponctué de quatre villages : Chalusson ; Ternanteuil - La Fontaine braye -Le Peu ; Moulin-neuf – Bois-Berthier et Mursay. Son territoire est traversé par un fleuve côtier, la Sèvre niortaise, sur un parcours sinueux de 18 kilomètres, par le célèbre GR 36 et par « la Francette » (de Ouistreham à La Rochelle). Un chemin de randonnée « Mélusine au bord de la Sèvre » (sur la trace des « Galipotes » (1) en évitant la « Main rouge » (2) et une base de canoë permettent de découvrir la richesse de la biodiversité locale.

Coudray Salbart


Les 7 communes limitrophes sont : Niort ; Saint Gelais ; Cherveux ; Sciecq ; Saint-Maxire ; Sainte Ouenne et Germond-Rouvre. Avec saint Gelais, Echiré forme une unité urbaine de plus de 5000 habitants, qui appartient à la Communauté d’agglomération du niortais (CAN).


La forme Eschire est mentionnée dès 1218. Elle aurait pour origine l’anthroponyme latin Scaurus, qui deviendra Echireyum, puis Echiré, à partir de 1636.

 

Une histoire séculaire au cœur d’une plaine céréalière traversée par un fleuve côtier


La commune d’Echiré a fait l’objet de travaux de recherches archéologiques. Ainsi, le site néolithique des loups est un camp protégé par deux fossés prenant appui sur une vallée sèche et la vallée de la sèvre niortaise. Des poteries exhumées de l’un des fossés pourraient être mises en relation avec le site breton de KrohKollé (partie nord de la presqu’île de Quiberon). Cette période de la préhistoire implique généralement une sédentarisation avec l’adoption d’un modèle de subsistance fondé sur l’agriculture et l’élevage. L’enceinte externe a livré une sépulture de jeune femme avec un bébé. D’autres sites ont été repérés dont une ferme gauloise aux lieux-dits « Les Longées ». Dans le bourg, près de l’église les vestiges d’un temple gallo-romain furent découverts au début du siècle dernier.

Chteau de Mursay


Dans son patrimoine, Echiré compte plusieurs moulins, lavoirs (lieux de baignade pour les « fées lavandières ») et bâtisses exceptionnelles comme le « Château des loups » mais aussi trois châteaux classés monuments historiques. Tout d’abord le château du Coudray-Salbart, qui a été construit avec les fonds anglais de Jean sans terre, pour défendre les terres du seigneur de Parthenay, est considérée comme le château-fort du XIIIème siècle le mieux conservé de France et d’Angleterre. Cette forteresse médiévale, qui surveillait la plaine de Niort et contrôlait la circulation sur la Sèvre niortaise, présente en effet des caractéristiques architecturales uniques : tours en amande, gaine de circulation dans l’épaisseur des courtines, assommoirs, voûtes particulières…


En sus des visites libres ou guidées et de l’exposition sur l’histoire du château, de nombreuses animations sont proposées par « l’Association des amis du Coudray-Salbart » tels les jeux médiévaux, la chasse à l’œuf, le festival du Livre jeunesse, les médiévales, sorciers sorcières ou encore les journées nationales du patrimoine avec un marché d’artistes et d’artisans.


Des ateliers sont également proposés en classe et sur site pour découvrir les systèmes défensifs au Moyen-âge, la vie militaire au XIIIème siècle, confectionner des blasons, des bourses et des parures, écrire des messages au calame…


Ensuite, le château de Mursay, situé dans le village éponyme, date de la fin du XVIème-début XVIIème siècle. C’est un haut lieu de l’histoire politique et littéraire de notre pays. Henri de Navarre y séjourna en 1576. Le grand poète calviniste, Agrippa d’Aubigné y vécut par intermittence et plus tard, sa petite fille, Françoise d’Aubigné, future madame de Maintenon, y passa une partie de son enfance, en 1642, puis en 1646.


Ce château s’élève sur la rive gauche de la sèvre niortaise, dans un site naturel exceptionnel, le long d’un ancien chemin de l’époque romaine. Ses ruines, classées pour partie en 1952, sont la propriété de la CAN depuis 2002, qui en a assuré la consolidation en 2004. En sus des visites libres ou guidées autour des ruines, ponctuées de panneaux d’informations, des animations sont régulièrement proposées aux petits et grands par « l’Association des amis du château de Mursay » telles les contes au château, les journées du patrimoine, le cinéma en plein-air, diners-concerts…
Dès 2018, un « bateau à chaîne » permettra aux promeneurs, aux pique-niqueurs, aux randonneurs et aux cyclistes de relier le château de Mursay au lavoir de Sciecq. Il faut se rappeler que jusqu’en 1966, les écoliers du hameau traversaient la rivière en barque pour aller à l’école…à Sciecq.
Enfin, le château de La Taillée, est une propriété privée de style Henry IV-Louis XIII. Il a été édifié au début du XVIème siècle, entre 1636 et 1642, par le marquis du Fay, chevalier, seigneur de La Taillée.

Prs dEchir


L’église Notre-Dame date de la fin du Xème siècle. Elle a été consacrée le 26 août 1879 par le cardinal Pie, évêque de Poitiers. Elle est de style roman dans sa partie principale la plus ancienne et de style gothique dans la partie au-delà de la croisée du transept. Elle a sans doute été remaniée et agrandie au XIVème ou au XVème siècle. L’extérieur a été totalement rénové en 2012 et 2013 et le clocher a été consolidé. N’hésitez pas à chercher le « Tétramorphe » où les « Quatre vivants » sculptés sur des chapiteaux de colonnettes, dans la rosace et sur le retable de l’ancien autel.

Plusieurs personnalités se trouvent liées à la commune:
- Théodore Agrippa d’Aubigné (1552-1630), homme de guerre, compagnon d’armes du roi Henri IV, écrivain controversiste et poète baroque, a résidé au château de Mursay.
- Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon (1635-1719), épouse morganatique de louis XIV a vécu, dans son enfance, au château de Mursay.
- Marthe-Marguerite de Caylus (1671-1729), écrivaine et mémorialiste française, nièce de madame de Maintenon, est née au château de Mursay.
- Delphin Debenest (1907- 1997), haut magistrat et résistant a notamment fait partie de la délégation française, au tribunal international de Nuremberg, en qualité d’avocat général. Il était l’époux de la fille de l’écrivain Errnest Pérochon. Installé à Echiré en 1950, jusqu’à sa mort en 1997.
- Jane Debenest (née à Niort en 1937), fille de Delphin Debenest, diplomate puis ambassadrice de France au Luxembourg jusqu’en 2002. Active avec l’association « Les amis des musées de Niort ».
- Henri Ingrand (1908-2003), médecin, compagnon de la libération et ambassadeur de France est né à Echiré. Après-guerre, Georges Pompidou fut son adjoint au commissariat général au tourisme.
- Hélène Kerillis (née à Bordeaux en 1951), auteure jeunesse, membre de la Charte des auteurs et illustrateurs de jeunesse et créatrice de collections référencées à la Réunion des Musées nationaux.
- Laurent Cantet (fils d’instituteurs, né à Melle en 1961), réalisateur et scénariste connu pour avoir gagné la Palme d’or en 2018, avec le film « Entre les murs », dont les parents habitent Echiré.

 Cadre idyllique

Une école ambitieuse et sereine récompensée


Les deux établissements scolaires« Mélusine » accueillaient, à la rentrée 2017, un effectif en hausse fort de 325 élèves. L’école maternelle compte 110 élèves répartis en 4 classes, tandis que l’école élémentaire en compte 215 élèves, répartis en 8 classes. On y trouve aussi une classe d’unité d’enseignement externalisé avec un enseignant formé et un éducateur spécialisé et un restaurant scolaire. Le conseil municipal des jeunes est un lien actif entre enfants et adultes et leurs lieux de vie. Depuis six ans, l’école élémentaire accueille des étudiants de l’ESPE de Niort. Ainsi, chaque année, deux d’entre eux sont titulaires d’une classe à mi-temps et tutorés par un Maître-formateur.


L’ambiance de cette école est qualifiée de sereine et d’active par sa directrice. Les échanges sont positifs avec le « Centre de loisirs sans hébergement » dit « Espace jeunesse », qui assure l’accueil périscolaire le matin et le soir. Un accueil de loisirs, ainsi qu’un « Centre de loisirs » communal, pour les 3-11 ans fonctionnent hors temps scolaire.


L’école est affiliée à l’OCCE pour animer des ateliers théâtre et d’écriture d’albums. Elle est aussi engagée dans le projet de « Brigades poétiques » et participe au « Printemps des poètes ». Les écoliers bénéficient du dispositif « Ecole et cinéma » en allant voir trois films dans l’année scolaire. Ils vont à la piscine à Chauray et font du kayak, sur la Sèvre niortaise, dans l’ « espace détente ».


L’école a reçu le 2ème prix « Education citoyenne 2017 - Premier degré » organisé par l’association nationale des membres de l’ordre national du mérite des Deux-Sèvres et par la DSDEN, pour les actions citoyennes, sur le thème de l’accueil et du respect de la différence.
Dans la commune, quatre enfants de 2 à 5 ans sur cinq sont scolarisés. De même, le taux de scolarisation des 18-24 ans est en hausse.


A propos de la santé, du social, de la culture et du sport


Depuis août 2017, la « Maison de santé » regroupe 13 praticiens :5 médecins généralistes, 3 infirmiers, 2 kinésithérapeutes, 1 pédicure-podologue, 1 orthophoniste et 1 psychologue. Le cabinet dentaire compte lui 4 dentistes. Une pharmacie et un ostéopathe complètent ces services médicaux.
Les services à l’enfance et à la personne sont animés par une assistante sociale, une puéricultrice PMI, un relais et une structure petite enfance, un foyer-logement ainsi que la fédération départementale d’aide à domicile en milieu rural et service d’aide à la personne. Un tiers des places de la crèche « Cap vers » est réservé aux enfants handicapés.


L’espace socio-culturel héberge la médiathèque, l’école d’arts plastiques, le comité régional équestre et pas moins de cinquante trois associations. On compte en effet 23 associations de loisirs et de culture, 17 associations sportives et 13 associations ou amicale centrées sur la vie sociale.
Les équipements sportifs incluent notamment une salle omnisports, 2 courts couverts et 3 courts extérieurs de tennis, un dojo judo-karaté, un terrain de boules et des terrains de football.

Une commune dynamique qui mise sur une croissance raisonnée


Echiré est une commune dont le dynamisme se manifeste par sa croissance, son activité industrielle, commerciale et associative (3). Sa population et sa densité ont plus que doublé en 50 ans et 37,5% des nombreux propriétaires qui ont construit des résidences spacieuses et confortables, pendant plusieurs décennies, vivent leur retraite dans la commune. Le solde des naissances est positif. Le secteur primaire, qui faisait vivre jadis la plupart des familles, ne compte plus que 16 agriculteurs exploitants. La politique municipale centrée sur la défense quasi-exclusive des intérêts agricoles jusque dans les années 70, refusant l’implantation de la Caisse régionale du Crédit agricole ainsi que celle du collège P. et M. Curie par exemple (celui-ci sera finalement construit en 1967, sur le coteau du Pontreau, à l’entrée de Niort) s’infléchira ensuite notamment vers le secteur du commerce, des transports et des services divers, qui représente aujourd’hui près d’un emploi sur deux et vers celui de la construction, qui en compte plus de un sur cinq.

Laiterie dEchir
Le nombre de PME-PMI marchandes, qui s’implantent augmente régulièrement pour atteindre environ deux cents établissements aujourd’hui avec un point faible concernant l’hébergement puisqu’il n’existe ni hôtel, ni camping, ni hébergement collectif lui interdisant la qualification de « ville étape » malgré un cadre de vie naturel de qualité.


Plus de quatre salariés sur cinq travaillent hors de la commune, dont les cadres qui représentent 10% de la population active (le taux de diplômés de l’enseignement supérieur avoisine les 30%).


Le taux de chômage reste très inférieur à celui de la moyenne nationale. Le fort pourcentage de ménages fiscaux imposés, ainsi que les revenus disponibles, tant des actifs que des retraités, indiquent que la commune est assez prospère et présente une évolution économique positive.


 La coopérative laitière de la Sèvre à Echiré, installée au cœur du bourg, entre rivière et église, est née en 1894 dans un vieux moulin à farine. Son beurre AOP, fabriqué dans des barattes en bois de teck remplacées tous les cinq ans, est classé depuis 1904 parmi les meilleurs. Il préside les plus grandes tables de France sachant que 32% de la production annuelle est exportée dans une trentaine de pays, dont le Japon, premier client export. Alexandre Dumaine, dit le « roi des cuisiniers » ou le « cuisinier des rois », le qualifia de « Beurre de l’excellence ».


Le centre-bourg regroupe des commerces de proximité et des services ((bureau de poste, agences bancaires, services de secours, presbytère). Le projet de création de la place du village, destinée à devenir un lieu de vie, viendra remplacer le supermarché déjà transféré près de la route départementale 743. Une halle couverte non fermée sera entourée de dix locaux commerciaux, d’un restaurant, de parkings pour les voitures et pour les vélos, d’une aire de jeux pour enfants, d’un terrain de boules et d’une « Maison de services », qui regroupera la poste, l’ADMR et un point local d’information relatif à la promotion du territoire. Une « coulée verte » servira de lien entre ce nouveau lieu d’échanges et le centre historique de la commune. L’écologie et la cohabitation seront au cœur du projet avec la création d’une voie de desserte partagée et la présence de panneaux photovoltaïques et d’espaces arborés. Enfin La « Halle de spectacles » sera inaugurée en novembre 2018. Au sud, la zone d’activité Le Luc accueille des entreprises, une grande surface d’outillage, un restaurant et une déchetterie. La commune héberge également les services techniques du syndicat intercommunal, ainsi que le syndicat des eaux du Centre-ouest. En 2020, six éoliennes seront édifiées. Elles produiront de l’électricité pour 23.000 habitants.


Un sentiment d’appartenance à la communauté d’agglomération du niortais


L’avenir de cette commune s’écrit maintenant dans son appartenance à la région « Nouvelle-Aquitaine » et à sa présence dans la communauté d’agglomération du niortais. Son maire, Thierry Devautour, aime à préciser qu’il s’écrit également dans sa capacité à maintenir une vie sociale fondée sur la proximité, les relations humaines et les actions solidaires et fraternelles, qu’elles soient individuelles ou collectives. Des valeurs amopaliennes, en somme.

Notes :

(1) La Galipote du Poitou est sœur du Loup-garou, du Guilledouxet duGanipia. C’est un animal nocturne ressemblant souvent à un mouton, qui effraie les voyageurs attardés par ses gambades, leur saute sur le dos, les terrasse et bat les chiens de ferme. Elle peut, en une seule nuit, aller à Paris, en faire sept fois le tour et être revenue soleil levé. « Courir le galipote » signifie donc « Aller un train d’enfer ». On assure qu’elle peut parcourir 7 communes toutes les nuits.(2) Le « Bras rouge » ou « Main rouge » surgissait de l’eau pour saisir les enfants s’approchant trop près du bord et les entraîner au fond. (3) Données INSEE 2015.
Remerciements :
- A Thierry Devautour maire d’Echiré et vice-président de la CAN, à Thierry Brossard adjoint aux affaires scolaires et au système d’information et à Florence Larvoire, directrice de l’école élémentaire de la commune, pour leur accueil, leurs précieuses informations et la relecture de cet article.
- A Jean-Michel Goulard pour son aimable autorisation d’utilisation de photos aériennes (château de Mursay ; château de la Taillée et laiterie) et à Thierry Roquet (château du Coudray-Salbart et château des loups) toutes visibles sur le site : www.survoldefrance.fr

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