Prahecq, entre passé et futur

par Guy Brangier

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Puits artésien de la Fosse de Paix


La cité où l'histoire coule de source

Avec ses 2100 habitants, Prahecq pourrait n'être qu'un simple ex-chef lieu de canton sans histoire... Pas tout à fait, toutefois, car elle a de son passé gardé plusieurs témoins, et préparé son futur par diverses réalisations.

 

Un passé monumental

Prahecq tient probablement son nom d'une origine gallo-romaine et, d'ailleurs, le mausolée de la "villa Saziré" , entre Prahecq et Aiffres, découverte par photo aérienne en 1976 atteste de son occupation ancienne. C'est aujourd'hui une table de pique-nique sous la ligne à haute tension...

L'église quant à elle continue de trôner au centre du bourg. Dénommée Saint Maixent, du nom de cet évêque d'Agde venu en Poitou au 5ème siècle, elle a conservé de ses origines romanes du 12ème siècle Eglise Saint Maixent à Prahecq des sculptures multiples. A l'extérieur, d'abord, entre ciel et terre, subsistent plusieurs modillons par lesquels des artistes inconnus ont laissé libre cours à leur imagination créatrice tout en délivrant aux fidèles approchant de l'église un message indiquant que le chemin qui mène au ciel est pavé de moult tentations maléfiques. A l'intérieur, quelques chapiteaux évoquent notamment un couple de sirènes tentatrices ou un Samson combattant un lion à mains nues. Mais comme l'affiche un texte gravé dans le mur intérieur sud-est de l'église, les guerres civiles dites de religion sont passées par là en 1568 et l'église a été incendiée. Force vitraux ont été murés, et en fonction des finances locales de la fabrique, sur deux siècles, des réparations ont été effectuées qui ont doté l'église de quelques vitraux de style gothique rayonnant. Une monumentale pierre d'autel, sans doute du 15ème siècle, évoque en 6 scènes sculptées la mise au tombeau et la résurrection de Jésus-Christ.

A quelques portées de voix de l'église, au milieu d'un vaste parc, un seigneur local, dénommé Baudouin, s'est fait construire au début du 16ème siècle un château dans le plus pur style première Renaissance, à l'instar d'Azay le Rideau, mais avec un peu moins de moyens financiers... Néanmoins, les décorations sculptées à l'extérieur, sur les façades est et ouest, sont à ce point d'inspiration gréco-latine que le châtelain s'est fait représenter à de multiples reprises en train de combattre un lion... Sa famille est également finement sculptée, et notamment son épouse en qui il ne faut pas trop se forcer pour trouver des airs de Joconde... Le château de la Voûte a perdu pendant la guerre son aile en retour qui n'est plus visible que sur les cartes postales anciennes. Sculpture romane "Les sirènes" La guerre n'y est pour rien. C'est un feu de cheminée en 1943 qui en est la cause... Le château a été acheté par la commune voici une trentaine d'années. Le rez-de-chaussée accueille mariages ou cérémonies, tandis que l'ancienne ferme adjacente est en cours de transformation en salle socio-culturelle et de loisirs.

Entre ces deux monuments, en bordure de la place, une halle-mairie a été construite au début de la 3ème République, mais plus de marchés au rez-de-chaussée dans lequel ont été réalisées les salles de la mairie, tandis que Château de la Voûte l'étage était transformé en salle des fêtes.

Les moines de l'Artois n'y sont pour rien, Prahecq a hérité de son histoire, géologique celle-là, d'un puits artésien appelé Fosse de Paix, à l'entrée ouest du bourg. Chaque hiver bien humide, l'eau jaillit à partir de la nappe phréatique par une fissure et ressort en bouillonnant dans une vaste cuvette au fond de laquelle les hommes ont creusé un puits. Mais il y a bien longtemps que n'en jaillissent plus d'anguilles...

Un futur entre rail et route

C'est peut-être cette eau qui a donné à penser à d'anciens Prahecquois que le nom de Prahecq signifiait "prés humides". En tout cas, cette eau s'est avérée quelque peu miraculeuse. En effet, grâce à des sondages de géologues, une nappe profonde a été découverte à environ cent mètres de profondeur. De qualité et en quantité, elle est mise en bouteilles dans l'usine qui s'est construite au-dessus, sous le nom local de Fiée des Lois devenu FDL pour une lisibilité internationale, et distribuée par le groupe Intermarché. Cette usine a d'autant pu se construire que les terrains étaient d'anciens terrains de stockage des matériaux servant à la construction de l'autoroute. Des terrains qui avaient appartenu à Roger Baillon, le transporteur originaire de Brûlain et qui avait constitué une collection d'automobiles de renommée devenue mondiale. Ce terrain aurait pu être celui sur lequel il avait, un temps, envisagé de réaliser un musée pour ces "chères" voitures. Mais pas de Ferrari, de Bugatti ou de Lamborghini à Prahecq , juste pendant quelques années un Conservatoire du machinisme agricole sur l'aire d'autoroute des Ruralies, avec tracteurs, lieuses et charrues aujourd'hui déplacées au Mans...

La Fiée des lois est devenue un parc économique d'environ 500 emplois avec notamment l'arrivée de la base logistique Kühne Nagel, appelée communément Super U, qui s'est posée à Prahecq par l'action de la communauté de communes Plaine de Courance présidée alors par le maire de Prahecq, Claude Roulleau, qui a su mettre en avant un embranchement de voie ferrée, la proximité de l'autoroute, et un transporteur présent sur le site, les transports Baudouin. Yves Baudouin était un ancien chauffeur de Roger Baillon qui l'avait quitté pour se mettre à son compte. Son fils Denis a pris la relève et est l'un des moteurs de la plateforme multimodale et multisite, dénommée Niort Terminal, qui associe Niort, La Crèche et Prahecq pour combiner le rail et la route entre Marseille et Perpignan au sud, et Le Havre au nord.

Prahecq a sans doute aujourd'hui autant de gens qui viennent travailler à Prahecq que de Prahecquois qui la quittent chaque jour pour rejoindre leur emploi à l'extérieur.

Et si la commune n'a plus de laiterie coopérative témoignant d'une longue prédominance de l'agriculture, elle reste une terre de cultures et d'élevage, avec de nombreux élevages caprins dans ses alentours, et même un Gaec familial innovant qui élève des vaches laitières en recourant à la traite informatisée et recycle le lisier produit pour alimenter une unité de méthanisation qui chauffe les écoles, le collège et quelques habitations.

 

 

 

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